Si Méliès, l’inventeur des premiers trucages, est considéré comme le premier cinéaste de l’Histoire, c’est essentiellement parce qu’il a privilégié l’imaginaire plutôt que le réel qu’avait commencé à montrer les frères Lumière. Jusqu’à une période récente les effets spéciaux avaient pour objectif premier de faire croire au spectateur à une situation réelle mais difficilement réalisable sans trucage. Le trucage devait donc être suffisamment invisible pour qu’on y croit. Ainsi la technique pure se mettait au service des récits cinématographiques les plus simples. Mais Méliès, le premier, l’avait compris, lui qui était d’abord un illusionniste, la technique permettait aussi d’emmener le public dans des mondes imaginaires, des récits mythiques, des reconstitutions du passé ou des projections dans le futur, sur des planètes inconnues. A sa suite de nombreux cinéastes se sont engouffrés dans cette voie. Divers procédés dans et devant la caméra ont permis de projeter sur l’écran les peurs les plus ancestrales, en matérialisant de grands monstres (King Kong, les dinosaures, le loup garou, etc), comme les plus contemporaines issues des transformations du monde (l’homme invisible, la fin du monde, les extra-terrestres). Avec l’arrivée des images de synthèse issue de la numérisation du monde, le cinéma s’aventure dans une nouvelle période où tout devient possible. Les effets spéciaux font désormais place aux effets visuels qui s’éloignent des simples trucages pour constituer pleinement un monde totalement imaginaire et suggérer de nouveaux récits. Ainsi, de Méliès à Spielberg en passant par Fritz Lang et Kubrick, l’histoire des effets spéciaux est une autre façon de raconter l’histoire du cinéma.