S’empêcher de modeler, de sculpter, d’assembler ? Après des décennies de domination picturale (de l’Impressionnisme au Surréalisme), lorsqu’on croyait la sculpture exsangue, elle renaît de ses cendres comme le Phoenix. L’exposition de Giuseppe Penone à Versailles (jusqu’en octobre 2013) avant celle des époux Kabakov au Grand Palais à l’occasion de Monumenta (juin 2014), montrera sans doute aux plus hésitants, la force et la poésie de la sculpture contemporaine. Le marbre, la pierre et le bronze restent les matériaux de prédilection de la sculpture. Si l’objet a fait une irruption remarquée dans la création depuis un siècle avec Picasso et Duchamp, il n’en reste pas moins que l’art conserve, transforme et recycle ses classiques. Pourtant, à l’occasion de la dernière Documenta de Kassel, les visiteurs ont découvert le travail de Ryan Gander. Il s’agissait ni plus ni moins, d’un courant d’air, un souffle de liberté et de vie parcourait un musée, où, par nature, il est absent. Aujourd’hui, la lumière, le son, l‘air sont donc devenus des moyens de figurer le monde pour des artistes libérés des contraintes esthétiques du passé. Ne plus vouloir sculpter… et être incapable de s’en empêcher. Brancusi n’avait-il pas écrit sur le mur de son atelier : « Crée comme un Dieu, ordonne comme un roi, travaille comme un esclave. »
* La vérité sur l’affaire Harry Quebert, Joël Dicker, Ed. de Fallois/L’Âge d’Homme Grand prix du roman de l’Académie Française et Prix Goncourt des Lycéens 2012